THE DREAM AND THE UNDERWORLD
Un séminaire de codéveloppement
en psychologie archétypale
animé par Mathieu Langlais psychologue
Les samedis 13 avril, 4 mai, 25 mai et 15 juin 2019
à Montréal
Nous vivons à une époque où les tendances fortes que constituent la technocratisation le recours de plus en plus systématique aux données probantes comme référent ultime, minent la liberté d’action et de mouvement des psychothérapeutes dans leurs interventions, leur capacité à sonder la spécificité psychologique de leurs patients et patientes, le travail en profondeur et la lenteur qu’il suppose, et surtout, la reconnaissance de l’activité autogénératrice de la psyché et l’autonomie que cela lui suppose.
La psychologie archétypale, une perspective développée à partir du début des années 1970 par un groupe d’analystes regroupés auprès de James Hillman, Patricia Berry et Rafael Lopez-Pedraza, entre autres, est dérivée en partie de la psychanalyse jungienne. Elle met en particulier l’accent sur :
- l’idée de Nécessité : une révision de la nature et du statut de la pathologie. La pathologie, le plus souvent considérée comme le résultat de traumatismes, de difficultés ou de carences développementales, ou encore de conflits pulsionnels, est une réalité qui doit être comprise, réparée ou liquidée. Elle est rarement vue comme une nécessité de l’âme dans son travail de prendre forme et de se donner à voir à elle-même, or une telle perspective change la vision que nous avons de sa place, de son utilité et du travail psychologique qu’elle engendre
- les notions parentes d’âme, d’image et d’archétype : ce sont là trois notions fondamentales de la psychologie archétypales, qui doivent être approchées, plus que nettement définies, ne serait-ce que pour leur reconnaître leurs qualités fondamentales d’autonomie, d’objectivité, de certitude et d’autorité. En retour de cette reconnaissance, ces notions et leurs notions corollaires deviennent nos principales alliées dans le travail d’exploration et de compréhension psychologique, travail qui en devient plus un d’examiner et d’explorer soigneusement que d’interpréter, de comprendre ou de changer pour soigner
- la mythologie comme référent : sa justification et son utilisation. Depuis Freud et son Œdipe, et même avant, la mythologie a constitué une source d’images et d’analogies utiles à la compréhension de l’âme. Il s’agit pourtant plus d’un répertoire des différentes possibilités humaines à utiliser comme une sorte de catalogue à appliquer. C’est un des lieux où la nécessité se déploie et se donne à voir avec une richesse et une abondance de détails. C’est aussi et peut-être surtout, un lieu où notre âme peut se reconnaître et même baigner dans une série d’images qui la réjouisse en lui renvoyant les échos de ses formes
- les rêves : présentations par excellence de la réalité de l’âme. Pourquoi les rêves exercent-ils une si grande fascination ? Entre autres parce que les complexes et précis bricolages qu’ils constituent nous initient à un monde où les repères habituels ne valent plus et où nous sommes mis en scène, mis à l’épreuve, remis à notre juste place en tant qu’aspects plutôt marginaux de notre propre psyché. Ce qui implique aussi bien une révision de la place du moi dans la psyché, un style et une signature particulière de celle-ci, ainsi qu’une manière de les explorer qui s’éloigne de l’habituel duo associations-interprétations.
The Dream and the Underworld (1979) figure parmi les ouvrages fondateurs de la psychologie archétypale (Re-Visioning Psychology, The Myth of Psychoanalysis et Suicide and the Soul sont sans doute les autres). Hillman y propose que les rêves font partie du monde « d’en-dessous », ce que nous nommons en français l’enfer ou, encore mieux, les enfers (infernus veut dire qui est en-dessous). Pour mieux comprendre les rêves, propose-t-il, il faut bien comprendre le monde des enfers et une bonne partie du livre sera consacrée à explorer la vision qu’en avait la mythologie grecque dans l’Antiquité. À l’origine de ce livre, l’idée maîtresse – un peu simplifiée dans sa formulation mais néanmoins fertile – à l’effet que la mythologie était la psychologie de l’Antiquité et que la psychologie est la mythologie de notre époque.
En ce sens, le livre est plus qu’un manuel d’interprétation des rêves en ce qu’il nous initie à la profondeur des rêves en usant de la métaphore par excellence de celle-ci (on disait qu’il fallait neuf jours et neuf nuits à une enclume pour atteindre le Tartare, la zone la plus profonde des enfers).
Dans un premier court chapitre intitulé Bridge, il nous invite à passer avec lui le pont vers ce monde auquel les rêves nous donnent accès pour autant que nous acceptions de les y suivre.
Le second chapitre (Freud) traite – étrangement pour le jungien qu’a toujours été Hillman – de Freud et de son importance pour sa thèse. Y évoquant un Freud pénétrant le monde nocturne dans sa propre analyse et dans son ouvrage sur les rêves, il propose que celui-ci s’est trouvé à refuser ce monde d’en-dessous auquel il était initié en insistant pour ramener le rêve à la lumière du jour et à la normalité du monde d’au-dessus, plutôt que d’aller à sa rencontre dans son lieu de prédilection.
Le troisième chapitre (Psyche) aborde la question cruciale du lien entre la mort, les enfers et la psyché, lieux où cette dernière cherche toujours à retourner, et où elle apparaît comme Perséphone, reine des enfers, comme Hécate, figure d’intercession ou comme Séléné, déesse lunaire. On y rencontre aussi la figure du maître de la place, Hadès, le dieu dont le nom était aussi le nom du lieu, et son double, Dionysos. Mais le personnage principal de ces lieux – et de ce chapitre – est sans doute le lieu lui-même, sa topographie, ses différentes régions et ses fleuves.
Le quatrième chapitre (Barriers) identifie trois obstacles ou barrières qui empêchent d’avoir accès aux enfers et aux richesses qu’ils recèlent : le matérialisme, l’oppositionnalisme et le christianisme, chacun faisant l’objet d’une présentation critique.
Le cinquième chapitre, comme son titre l’indique (Dream) aborde le rêve comme une présentation de la psyché et propose des manières d’aller à sa rencontre, trouvant une partie de sa justification dans la tradition romantique, elle-même informée de savoirs hérités de la Renaissance et de l’Antiquité. Il y dénonce aussi le mode « héroïque » du travail avec les rêves, qui voudrait tout rapporter à la surface, à la lumière du jour et au littéralisme qu’elles supposent, et proposant que le but du travail du rêve est la transformation du moi littéral en moi onirique, une sorte d’opération de dissolution psychique.
Finalement, le sixième chapitre (Praxis) propose des explorations de certaines images typiques des rêves, de la noirceur à la glace et au froid, jusqu’à la boue, la fumée et le carnaval.
Pendant les quatre jours de ce séminaire, nous étudierons en détail ce livre. Les matinées seront consacrées à l’analyse d’un chapitre :
- jour 1 : chapitres 1 et 2
- jour 2 : chapitre 3
- jour 3 chapitre 4
- jour 4 chapitre 5
Les après-midis de chaque journée seront consacrés à l’exploration de matériel onirique tiré de la pratique clinique des participants-tes, et permettront d’aborder aussi le matériel du chapitre 6.
Les participants devront avoir lu et annoté le chapitre abordé avant le séminaire, qui sera consacré à clarifier, approfondir et élaborer le contenu et les applications cliniques possibles.
Coûts :
- 600 $ (150 $ par journée de formation) prix maximum, diminuant à partir de 8 participants
Nombre de participants-es :
- Minimum : 6 – Maximum : 10
Lieu de la formation :
- 8565, St-Denis, Montréal (Villeray)
Clientèle visée :
- Psychothérapeutes avec une expérience clinique
Crédits de formation continue :
- 28 heures possibles, à titre de codéveloppement
Information et inscription :
- Mathieu Langlais 514.385.6070
- mathieu@videotron.ca
Mathieu Langlais : je suis psychologue depuis 1977 et je pratique la psychothérapie depuis 30 ans, en pratique privée à Montréal. Diplômé de l’Université de Sherbrooke, j’ai ensuite été formé à la psychothérapie psychanalytique à l’Hôpital général juif (Montréal), à la psychologie jungienne à Zurich (six mois à l’Institut Jung) et Montréal (Inter-Regional Association of Jungian Analysts), ainsi qu’à la psychologie archétypale (Patricia Berry), avec des formations complémentaires en bioénergie (Luc Morissette) et à la methode Feldenkrais (Joseph Dellagrote). J’enseigne aussi au Québec et en Suisse, plus spécifiquement au programme d’Art thérapie de l’École d’études sociales et professionnelles de Lausanne. Mes intérêts professionnels gravitent autour du travail avec les rêves, les images et les films, et du traitement interdisciplinaire des maladies somatiques.